L’IA dans le conseil : fin du bluff, place à la substance
Ce ne sont pas les outils qui créeront la rupture, mais la manière dont ils sont utilisés.
Le post de James O’Dowd sur LinkedIn a mis les pieds dans le plat : les produits d’IA dans le conseil sont souvent survendus, sous-performants, et surfent sur la hype sans réelle profondeur. Et à voir le débat qu’il a lancé, il ne touche pas seulement un nerf. Il ouvre une faille dans tout un modèle.
L’illusion du « produit IA propriétaire »
De nombreux commentateurs confirment ce que James avance : derrière les vitrines brillantes, on retrouve souvent les mêmes modèles LLM sous-jacents (OpenAI, Anthropic, etc.), emballés différemment. Les “wrappers” sont jolis, chers, et peu différenciants.
Sophie L., de son côté, conteste cette généralisation. Elle défend les projets solides conçus pour des banques, apportant selon elle une vraie valeur perçue par les clients.
Mais la critique principale persiste : le marché est inondé de solutions sans ancrage métier, conçues par des équipes qui maîtrisent davantage PowerPoint que les contraintes réelles d’un secteur donné.
L’IA va-t-elle remplacer les consultants ?
La réponse quasi-unanime est non. Mais elle va impitoyablement révéler les faibles. Ceux qui gonflaient les équipes pour compenser un manque de compétence. Ceux qui vendaient des “méthodos” figées sans impact.
L’IA, dit un commentateur, « ne remplacera pas les consultants. Elle audite leur valeur. »
Le véritable avantage : l’expertise humaine
Comme le rappelle Adam Olsen, l’IA nivelle le terrain technologique, mais rend l’expertise encore plus précieuse. Pour Michael Lamoureux, elle ajoute même une couche de complexité : il faut un niveau de vigilance accru, notamment face aux hallucinations convaincantes.
Plusieurs professionnels insistent sur le fait que maîtriser ces outils demande plus de compétences, pas moins. Ce ne sont pas des “internes IA” qui penseront à votre place.
Des cabinets plus petits, plus pointus
Phil Reed et Christopher Finn évoquent un avenir où les “micro-consultancies” remplaceront les mastodontes. L’agilité primera. Exit les pyramides de juniors. Seuls survivront les collectifs spécialisés, capables d’intégrer l’IA dans des contextes précis, avec un impact réel.
James Absalom ajoute que le storytelling et le packaging restent essentiels. Mais là aussi, il faudra savoir articuler une vraie proposition de valeur.
Domaines d’application concrets
Plusieurs exemples alimentent le débat :
Mark Savage propose de réinventer les processus de vérification de sécurité pour les gouvernements via NLP.
Abhishek Kumar (Accenture) insiste sur la nécessité d’intégrer l’IA à l’expertise humaine, au lieu de chercher l’automatisation brute.
Ruby He, Ayesha Khan ou Trisha S. soulignent que les meilleurs projets sont ceux portés par une vraie connaissance métier, pas des équipes déconnectées du terrain.
Repenser l’architecture des plateformes IA
Tony Bain liste ce qui distingue une bonne plateforme : mémoire, optimisation du RAG, boucles de feedback, gouvernance, agilité… Tout ça ne se voit pas dans une démo. C’est dans la durabilité et la capacité à évoluer que se trouve le vrai différenciateur.
D’autres comme Nikolay Sudarikov évoquent des outils ultra-spécialisés, pensés sur plusieurs années, loin des MVPs bricolés en 2 semaines.
Risques et dérives
Les commentaires les plus critiques rappellent que la hype pousse à la surconsommation de “POCs sexy” sans ROI. Iliya Rybchin dénonce les cabinets qui se sont autoproclamés “experts IA” du jour au lendemain, alors qu’ils ignoraient le sujet il y a encore trois ans.
Et certains, comme Isiah Jones, vont jusqu’à qualifier les grands cabinets de parasites dans des domaines comme la cybersécurité ou l’ingénierie.
Ce qui va rester : le jugement
Au fond, tout le monde converge vers l’idée que l’IA est un outil. Un outil puissant, certes. Mais qui ne remplace pas la capacité à poser les bonnes questions, à relier les signaux faibles, à interpréter des contextes mouvants.
C’est là que les consultants d’un nouveau genre tireront leur épingle du jeu : ceux qui maîtrisent les outils, mais surtout leur métier, leurs clients, leurs enjeux.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous vu des cas où l’IA a transformé (ou au contraire, dégradé) la prestation de conseil ? On vous lit dans les commentaires.